La servitude climatique : Changement climatique, Business et Politique by Jean-Michel Bélouve

La servitude climatique : Changement climatique, Business et Politique by Jean-Michel Bélouve

Auteur:Jean-Michel Bélouve [Bélouve, Jean-Michel]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782953563207
Publié: 2009-01-01T23:00:00+00:00


Kyoto entre espérances et désillusions

Malgré toutes ces difficultés, les nations ont pu se réunir, négocier, signer le protocole de Kyoto, sans toutefois toutes le ratifier. L’accord trouvé n’est pas la construction rationnelle et sage dont certains veulent lui donner l’image, mais n’est que le fruit de négociations laborieuses aboutissant à un compromis dont tout le monde est bien conscient qu’il n’apporte pas grande chose au règlement de la question de l’effet de serre.

Le protocole impose à trente-huit pays, les plus développés du monde, une réduction moyenne de 5,2 % de leurs émissions de gaz à effet de serre (mesurées en « équivalent CO2 ») par rapport au volume d’émissions constaté en 1990. La première question qui se pose est : qu’apporte une telle réduction à la recherche d’une limitation des hausses de températures tout au long du vingt-et-unième siècle ?

Les 167 parties au traité n’ont pu imposer des limitations d’émissions qu’à 38 d’entre elles. Les pays en développement ont été exonérés de tout effort, officiellement parce que l’unanimité se faisait sur le principe qu’on ne pouvait imposer à des pays pauvres de renoncer à leur développement, en fait parce qu’il n’y aurait pas eu de traité du tout si la minorité de pays développés avait voulu imposer quoi que ce soit au tiers monde. Que l’on dispensât le Bénin ou le Burkina Faso de toute contrainte n’avait pas de conséquences. Mais les parties durent se résoudre à accorder la même faveur à la Chine et à l’Inde, qui ont atteint des niveaux de production industrielle très élevés, la Chine étant responsable du quart de la masse de CO2 mondialement émise, et l’Inde de plus de 6 % ! Ces deux pays ont une forte croissance et une économie industrielle qui tire une grande partie de son énergie du charbon. Aussi les émissions mondiales de CO2 n’ont pas cessé de croitre depuis la signature du protocole. Qu’importe si les 38 pays de l’annexe A diminuent leurs émissions de 5,2 % entre 2008 et 2012, si les concentrations atmosphériques en CO2 doivent continuer à croitre dans la même période du fait des deux géants asiatiques ?

L’anomalie sino-indienne a constitué l’un des arguments sur lequel s’est fondé Georges Bush pour décider de ne pas présenter à la ratification le protocole que son prédécesseur avait signé, et que le Congrès avait refusé de ratifier. On a fermement condamné cette attitude en Europe et au Japon, et la position de Bush a contribué à la flambée d’antiaméricanisme qui a accompagné ses deux mandats, mais pouvait-il raisonnablement agir autrement ? D’abord, il ne croyait guère à l’effet de serre, prévenu qu’il était par la pétition de l’Oregon et ses 17 000 signatures, par les témoignages de scientifiques de la qualité de Lindzen, Spencer, Pielke, par son antipathie personnelle à l’égard de James Hansen, par le refus de ratification du Congrès, et enfin parce que son électorat républicain était majoritairement opposé au protocole. Les USA ont la stature suffisante pour s’opposer à toutes les pressions, seraient-elles venues du monde entier, ce qui n’était pas le cas.



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